Pour Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine est "une petite bourgeoise"

Jean-Marie Le Pen, qui s'exprime dans le Times, fait un éloge ambigu de sa fille, qui lui a succédé à la tête du Front National. Il la décrit comme une "petite bourgeoise", acceptée pour cela même par une élite parisienne qui l'a toujours vu, lui, comme un être "grossier" et "inquiétant".

Marine Le Pen lors d'une convention présidentielle à Lille, le 18 février 2012. © AFP

Tout au long de sa carrière politique, Jean-Marie Le Pen a été réputé pour ses bravades et déclarations à l'emporte-pièce, qui lui ont valu des démêlés avec la justice, et ses coups de gueule ou de griffe, y compris à destination de ses proches. Désormais ancien dirigeant du Front National, il n'hésite pas à gratifier sa propre fille Marine, qui lui a succédé, d'un éloge quelque peu ambigu, dans un entretien que publie le Times.

Montant progressivement en puissance dans l'ombre d'un père vieillissant, fondateur du FN en 1972, Marine Le Pen s'était imposée en janvier 2011 à la tête du parti d'extrême droite. Lors du premier tour de l'élection présidentielle française en avril dernier, elle est arrivée en troisième position avec près de 18% des suffrages. Mais aux yeux de son père, c'est en bonne partie son image plus lisse qui lui a permis de se faire accepter. "Je suis un homme du peuple. Je viens d'une famille de paysans et de pêcheurs (...) J'ai été officier dans un régiment de parachutistes, j'ai eu une vie virile, c'est le moins que l'on puisse dire. Ma fille, quoi qu'elle puisse en dire, est une petite bourgeoise", affirme l'ancien président du Front National. Selon lui, l'élite parisienne le considère comme un être "grossier" et "inquiétant" mais accepte sa fille en raison de sa bonne éducation.

Les "courageux militants au crâne rasé" ont été écartés

"Mon image de diable s'est méthodiquement et avec ténacité imposée dans le monde politique français. Ma réputation d'antisémite a été créée artificiellement", affirme encore l'ancien patron du FN. "Mais ce n'est pas Jean-Marie Le Pen qui est le diable à leurs yeux, c'est le défenseur de la Nation", ajoute-t-il. Et le chef historique de l'extrême droite française d'expliquer le succès de sa fille dans la dédiabolisation du parti par le fait que "c'est une femme".

"La stratégie de Marine est de fournir à nos adversaires le moins d'angles d'attaque possibles. Par exemple, tous ces courageux et dynamiques militants qui se sont fait remarquer parce qu'ils avaient le crâne rasé ont été écartés", explique Jean-Marie Le Pen au Times.

Mais pour lui, le FN n'a pas réellement changé et reste attaché à la défense de l'Etat nation contre la mondialisation, en général, et les "vagues déferlantes" d'immigrés musulmans, en particulier. La démographie en Europe est "un handicap mortel" qui va faire des Européens des esclaves des radicaux islamistes. "Le maître sera l'Islam. Si les islamistes deviennent majoritaires en France, ce sera la Charia", avertit-il, avant d'affirmer au Times que la communauté nord-africaine en France est responsable de la plupart des crimes commis dans le pays.

Outre Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen doit faire désormais avec une deuxième personnalité médiatique, dans sa famille, Marion Maréchal-Le Pen, élue députée en juin dernier. 

  le 06 juillet 2012

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