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Le petit blog rouge-brun de Discipline.

La gauche cherche ses ouvriers

13 Janvier 2013 , Rédigé par discipline-idf Publié dans #GAUCHE - COMMUNISME - GAUCHISME

Le Monde.fr | 11.01.2013

Par Alexandre Léchenet
 

La visite d'usine a été le sport préféré des candidats à l'élection présidentielle en 2012. Il faut dire que le vote ouvrier, capté par Nicolas Sarkozy en 2007, était très convoité par les principaux candidats.

Au Parti socialiste, la question est dans les esprits depuis la publication d'une note de Terra Nova en mai 2011 qui proposait une nouvelle "coalition électorale" laissant de côté l'électorat populaire pour se concentrer sur les classes moyennes à travers les jeunes, les femmes et la "France de la diversité" selon les mots d'Olivier Ferrand, feu le président du club de réflexion progressiste.

D'un autre côté se développe le réseau de la Gauche populaire. Il analyse la désaffection des ouvriers pour la gauche par une perte d'intérêt du Parti socialiste pour les questions populaires, et propose de les remettre au centre du débat public. Parmi les penseurs de ce réseau, Jean-Philippe Huelin, professeur de géographie qui s'est penché pour la Fondation Jean-Jaurès sur le vote ouvrier en 2012.

 

EN 2012, UNE ABSTENTION FORTE

"Le premier parti des ouvriers reste l'abstentionisme" note l'enseignant. Environ 30 % de l'électorat ouvrier ne s'est pas déplacé vers les urnes. Pour le reste, c'est Marine Le Pen puis François Hollande qui ont capté l'essentiel du vote des ouvriers. La première fait même un meilleur score que son score national, avec entre 10 et 17 points de plus, cependant que François Hollande fait lui "seulement" un score moindre de 2 à 8 points.

 

Nicolas Sarkozy ne réédite pas son pari de 2007 en perdant entre 2 et 8 points, selon l'institut, auprès des ouvriers entre 2007 et 2012. Quant à Jean-Luc Mélenchon, malgré un discours fortement teinté de mythologie ouvrière, il ne parvient pas à faire plus auprès des ouvriers que dans la population générale, quand Georges Marchais pouvait faire 12 points de plus en 1981 chez les ouvriers.

 DU VOTE OUVRIER AU VOTE DES OUVRIERS

Car historiquement c'est le Parti communiste qui attire le vote ouvrier. "L'alignement du vote ouvrier sur les partis de gauche se réalise progressivement [et] culmine avec les élections de 1973, détaille la note. La fin du cycle intervient en 2002, quand les ouvriers n'accordent plus aucune préférence à la gauche."

 

Les raisons sont à chercher, selon M. Huelin, dans l'environnement économique des ouvriers, qui ne les pousse plus à favoriser "les solidarités ouvrières" ainsi que dans la naissance du "mythe de la classe moyenne" dont se réclament de plus en plus les ouvriers.

 ENTRE L'ABANDON DE LA GAUCHE ET L'INTÉRÊT DU FRONT NATIONAL

Au niveau politique, l'auteur y voit un désintéressement de la gauche. Le Parti socialiste n'a que très peu de militants ouvriers et "la culture ouvrière lui est de plus en plus étrangère". Divorce finalement prononcé, selon Jean-Philippe Huelin, par la note de Terra Nova de 2011. Terra Nova conteste cette vision d'abandon et y voit plus une stratégie électorale qu'une évolution idéologique. Quant au Parti communiste, la "désouvriérisation" est similaire et la figure de l'ouvrier disparaît petit à petit des discours, avant de revenir dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon.

A droite, une "dextrisation", c'est-à-dire un alignement de plus en plus à droite des voix ouvrière est à l'œuvre. Les territoires ouvriers traditionnellement à droite se tournent de plus en plus vers le Front national, qui dans le même temps, selon l'auteur, passe d'un discours néolibéral à un discours plus protectionniste, adapté à l'électorat ouvrier. "Les ouvriers ne sont ni plus racistes, ni plus homophobes que la moyenne des Français" ajoute-t-il.

 

Interrogé dans Le Monde du 11 janvier, M. Huelin s'inquiète de ce qu'il considère comme un abandon des classes populaires par la gauche. Selon lui, elles "ont le sentiment que la gauche ne répond pas à leurs attentes". François Hollande "a encore perdu trois points de confiance chez les ouvriers et n'est plus qu'à 28 % de satisfaction. [...] La gauche revenue au pouvoir devrait s'interroger sur ce désamour aussi fort et rapide". Il conclut en espérant un retour vers les ouvriers : "Pour transformer en profondeur la société, [la gauche] a besoin de temps et de s'appuyer sur une coalition sociale majoritaire et durable."

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