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Le petit blog rouge-brun de Discipline.

Dupont-Aignan veut détruire l’euro pour recréer l’Europe

29 Juin 2012 , Rédigé par discipline-idf Publié dans #---> Théorie - Théoriciens

 

 

A l’heure où les dirigeants européens sont réunis à Bruxelles dans le cadre d’un sommet européen décisif pour l’avenir de la zone euro, Nicolas Dupont-Aignan donnait une conférence de presse pour expliquer son plan de secours alternatif à une économie malade.

(WITT/SIPA)
(WITT/SIPA)
Nicolas Dupont-Aignan estime avoir un «devoir d’alerte face à la pensée unique qui domine la société» : pour sortir d’un système européen au bord de la faillite, il affirme la nécessité de « changer de logiciel de pensée ». Entouré de quatre économistes de sensibilités politiques diverses (Jacques Sapir, Jacques Nikonoff, Jean-Pierre Gérard et Philippe Murer), il a présenté son plan de secours alternatif pour l’Europe, anticipant que les «décisions prises à l’issue du sommet européen […] ne résoudront rien aux problèmes structurels de la zone euro car les dirigeants européens ne veulent pas changer le cadre».

Adversaire résolu de la monnaie unique, l’ancien candidat à la présidentielle aisément réélu député de l’Essonne malgré la présence d'un candidat UMP, rappelle, documents à l’appui qu’il avait, dès le premier plan de sauvetage de la Grèce au printemps 2010, mis en garde à l’Assemblée nationale et dans les médias contre un «faux plan de "sauvetage" qui [avait] tout d’un plan de sabordage». «Les faits sont têtus, affirme-t-il en citant Lénine (!)… Or, ils m’ont donné raison.» De concert avec les économistes qui l’entourent, il souligne l’impérieuse nécessité de déconstruire l’euro pour sortir de la «quadruple impasse européenne» (monétaire, financière, commerciale et politique) et retrouver le chemin de la prospérité partagée en Europe.

C’est bien là l’originalité d’un discours trop souvent ramené aux stéréotypes radicaux d’une sortie de l’euro comme préalable à une autarcie fantasmée. Nicolas Dupont-Aignan, lui, ne veut absolument pas sortir de l’Union européenne, ni casser la dynamique construite depuis un demi-siècle en faveur du progrès social et de la solidarité entre les peuples d’Europe. Au contraire, la sortie de l’euro apparaît à ses yeux comme un sacrifice nécessaire pour sauver l’Europe –sacrifice qu’il compare à une opération des dents de sagesse, que l’on sait douloureuse donc que l’on reporte à plus tard mais qui fera d’autant plus mal que l’on attend longtemps avant de s’en occuper.

Il déplore la haine entre les peuples que les difficultés économiques de la zone euro attisent, citant notamment la défiance croissante entre le peuple allemand et le peuple grec. Il regrette l’Europe qui tirait vers le haut ses économies les plus fragiles (Portugal, Irlande) quand, aujourd’hui, la seule perspective économique serait une convergence dans le déclin. Il dénonce la perte de souverainetés d’une France qui «oublie sa démocratie» après avoir tant souffert pour la conquérir.

En effet, outre son inefficacité économique, il juge le fédéralisme européen «dangereux politiquement». Dans un système politique où UMP et PS se succèdent au pouvoir tout en menant une politique économique et européenne identique, «la France, en pilotage automatique», «se couche devant une politique économique insensée menée par des gens non élus». D’ailleurs, souligne-t-il, «des commissaires (ça nous rappelle une bien triste période) viendront à l’automne prochain inspecter les amendements votés par les élus du peuple».

Si cette analyse économique a le mérite d’être fouillée et réfléchie, d’être cohérente sur le temps long, restent quand même quelques hésitations. S’il affirme que l’Allemagne, dont la réussite économique actuelle ne fait que masquer sa toute prochaine crise démographique, n’accepterait jamais de mutualiser les recettes fiscales pour créer une solidarité budgétaire européenne avancée (ce qui, dans l’état actuel des faits, est indéniable), on peut s’interroger sur la pertinence d’une déconstruction –fût-elle méthodique– de l’euro pour faire avancer la solidarité européenne.

Certes, il affirme que l’on a déjà vu, par le passé, des ensembles monétaires démantelés au profit d’un retour aux monnaies nationales, en URSS ou en Tchécoslovaquie notamment. Mais ce mouvement est-il vraiment allé de pair avec une coopération croissante entre les pays concernés, comme il souhaiterait mettre en œuvre en Europe ?

«L’automne sera saignant et dangereux», prédit-il. Or, quand le système actuel implosera, il ne voit que trois voies alternatives se dégager : celle du Front de gauche, quoiqu’il ne soit pas bien clair sur la politique européenne qu’il entend mener ; celle du Front national, et la sienne, une «voie gaulliste et républicaine seule à même d’éviter le retour des nationalismes». Peut-être. Mais si cela arrivait, Marine Le Pen a tout de même beaucoup plus de chances que lui de ramasser la mise. Comme lors de l'élection présidentielle de 2012.
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